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Poétesses en marge : un cas d'interdiction de la parole poétique féminine (Touaregs de l'Aïr)

Article: French. Online
Author(s)
Dragani, Amalia
Title
Poétesses en marge : un cas d'interdiction de la parole poétique féminine (Touaregs de l'Aïr)
In
Cahiers de littérature orale, 77-78, 2015, 111-141
Subjects
Amdyaz ; West Africa
Content
Testu osoa
Type of material
Article
[FR] À partir d’un cas ethnographique – un concours de poésie touarègue au sein d’un festival au nord du Niger – cet article aborde la relation entre l’espace public et religieux, le genre et les normes, contestés, d’usage de la parole à la veille de la rébellion touarègue de 2007-2009. L’exclusion des femmes du concours poétique suscita différentes réactions de la part des intéressées. Les poétesses les plus jeunes furent marginalisées en raison du contenu politique de leur production. Une poétesse seulement, T., tirant légitimité de son aînesse, appuyée en cela par une partie du public et par les poètes, s’autorisa à saboter le concours en s’invitant à tout moment sur la scène, en volant le microphone et en déclamant ses tišiway (poèmes). Cet article présente un « poème de critique » récité par T. lors du concours. Après avoir abordé brièvement le champ sémantique du rire dans la société touarègue, des exemples de la production satirique féminine sont offerts pour contextualiser le poème de T. à l’intérieur d’un genre poétique touareg, l’abayak (littéralement « critique », satire ou invective). En 2006, après des négociations avec les touristes, des femmes furent admises au concours. L’une d’elles, A., remporta la victoire. Deux de ses poèmes rentrent dans le genre de la louange (temmal) notamment aux autorités politiques présentes. L’article les compare avec la critique voilée mais abrasive de T. et des poétesses « engagées », qui demeurèrent exclues du concours.

[EN] Starting with an ethnographic case –a Tuareg poetry contest in a festival in Northern Niger– this paper discusses the relationship between public and religious spheres, and between gender and disputed norms of speech, before the Tuareg rebellion of 2007-2009. The exclusion of women from a poetry competition aroused different reactions on behalf of the interested women. The younger she-poets, famous authors during the rebellion of the 1990s, were marginalized in light of the political content of their production. Only a senior poetess, T., who derived legitimacy from her birthright, supported in this by some of the audience and some poets, allowed herself to sabotage the competition by intervening on frequent occasions, stealing the microphone to recite her tišiway (poems). This article presents a “critical poem” that is recited by T. during the competition. The paper focuses briefly on the semantic field of laughter in Tuareg society, and examples of female satirical productions contextualize T.'s poem within a literary Tuareg genre, the abayak (literally “critical satire” or invective). In 2006, women were admitted to the competition after negotiations with tourists. Then A., a woman, won first prize. Two of A.’s praise poems (temmal) are compared with T.’s veiled but abrasive critique.